En une figuration réaliste, qui laisse transparaître la trace large et vigoureuse de la brosse, Gasquet impose d’emblée une lecture sérieuse où apparaît toute la flagrance de la splendeur du corps humain, mais aussi toute la déchirante vulnérabilité de l’individu.

Sa préoccupation dépasse les aspects élémentaires liés à la simple création picturale…Il peint l’impossible rapport entre ce qui appartient à l’humain et ce qui tient du « mystère ».

S’il donne des raisons aux matières pour explorer les corps en surface, ce n’est pas pour en rester à l’apparence du sujet, mais bien pour nous attirer en des formes inspirées, au voyage vers la profondeur où siège la véritable « image » de l’être qui ne peut-être perçue que par l’oeil du coeur.

Sa peinture a ce souci de révéler l’être humain à lui-même, et à ceux qui veulent bien le contempler…à ceux qui savent que l’on existe sur cette terre, que par l’indispensable présence d’autrui.

Gasquet est installé ailleurs, comme « au-delà » ; dans un territoire personnel et protégé qui n’est pas définissable avec les mots simples de l’entendement des mortels.

Ce « no man’s land », a été franchi par quelques uns dans l’histoire de la peinture, au temps où l’on savait prendre la faille entre ici et nulle part, et qui ont montré combien le passage est étroit, entre la fragilité de la vie et l’ivresse de la promesse de mort qui entoure chacun.

Dans son langage peint, Gasquet propose l’ascèse, à l’image du moine de Zurbaran qui impose une forme d’humilité comme voie unique d’accès à la splendeur.

Bernard Gouttenoire 2010